Voilà maintenant 10 jours que nous habitons une superbe maison en pleine forêt tropicale (Rainsforest … = forêt de la pluie, nous comprendrons assez rapidement pourquoi ce nom).
Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, petit retour en arrière. Alors que nous sommes au refuge d’animaux, un homme vient déposer un oiseau. Cet homme, Patrick, nous explique qu’il part en vacances 15 jours en Papouasie pour Noël/nouvel an, et qu’il cherche quelqu’un pour garder sa maison, et ses oiseaux. Il nous propose donc cette « mission », car Betty et Cliff, du refuge, nous ont vivement recommandé (merci Papy, merci Mamy). Nous sur le coup, on lui dit qu’on ne sait pas trop, car nous souhaitons après le refuge, trouver un travail en ramassage de fruits. Il nous dit alors « venez voir la maison, et vous me direz ensuite ». ….
… Malin ce Patrick. Le lendemain nous allons donc chez lui. Nous découvrons alors une grande maison, nichée au milieu de la végétation luxuriante de la Rainforest, décorée avec goût, sur le thème de l’Afrique car c’est la passion de Patrick et sa femme Sue, une grande terrasse en bois avec une piscine d’eau naturelle, deux bars et un espace four à pizza extérieurs, un garage limite industriel, une salle de billard avec un bar (tiens donc encore un), une salle de sport, trois chambres, trois salles de bain, et puis… ce calme. Nous étions depuis 3 semaines chez Betty, sans un seul jour de repos, 16h par jour, le bruit des animaux, l’agitation générale, et nous nous retrouvions là, isolés, déconnectés. Quel changement.
Ici les oiseaux ne se comptent pas par dizaine, il y en a seulement 6. De la ri-go-la-de.
Mais Patrick ne semble pas se rendre compte de notre enthousiasme, alors il en rajoute : « je vous laisse deux fûts de bières plein, ça fait 36 litres. Vous avez aussi des caisses de vin, du blanc du rouge vous prenez bien ce que vous voulez. Et puis on vous laissera le 4X4 aussi là, avec le plein. Et on vous donnera des sous pour les courses bien sûr. »
WOW WOW WOW ! Patrick arrête de parler bientôt tu nous inscris sur ton testament ! Nous nous décidons donc à lui dire « Bien sur nous garderons ta maison et tes oiseaux, si ça peut te rendre service ! ». En vrai intérieurement c’était le 14 juillet, un cadeau de Noël avant l’heure, des vacances dans les vacances.
Petit arrêt sur image sur ce Patoche, car c’est un sacré personnage. La cinquantaine, Belge marié à une New Zélandaise, divorcé d’une africaine et d’une italienne, pas d’enfant (du moins « pas que je sache, des fois y’a peut être un petit noir en Afrique avec une moustache comme moi !! »), passionné de voyage (84 pays visités « et je suis pas encore mort »), des photos (un matériel photo à faire blêmir Yann Arthus Bertrand, oui oui), d’oiseaux du monde, et artiste peintre. Ancien militaire, il est maintenant retraité (et oui si jeune… merci la Légion) et est bénévole pour la préservation de la faune et la flore locale dans le Queensland. C’est un ancien culturiste qui a fait de nombreux concours de gonflette en micro slip, il continue encore un entretien quotidien histoire de « pas marcher sur mon ventre ». Il a une grande moustache mais plus beaucoup de cheveux, et il parle énormément. Et il a tellement de choses à raconter, d’anecdotes des quatre coins du monde, qu’on ne se lasse pas de l’écouter. Sa garde robe c’est un peu celle d’Indiana Jones, peu importe quand tu le croises, tu as toujours l’impression qu’il revient d’un safari. Et ça lui va bien ! Bref on l’a immédiatement apprécié.
Le retour au refuge a été compliqué, on aurait aimé rester à la maison encore un peu plus, voire ne plus retourner au refuge en fait. Patrick nous donne son numéro « au cas où », et nous retournons à nos activités biberons. Cela nous laisse peu de temps pour autre chose, mais durant les temps libres que nous avons parci parlà, nous regardons les annonces de véhicules sur Gumtree (Leboncoin australien).Voiture break, 4X4, van, nous n’avions pas de critères précis, si ce n’est le prix.
Et c’est comme ça qu’un beau jour, nous sommes tombés sur THE annonce coup de cœur, pour un van. Ni une ni deux, on répond à l’annonce par mail, le mec nous répond avec la même réactivité, on échange nos numéros, on s’appelle, et on décide de venir voir le van. Problème : il est à Cairns, nous sommes à Kuranda. 1h de route, les bus sont rares, et on a pas toute la journée pour y aller, les bébés kangourous risquent de nous en vouloir (surtout Betty en fait, oui). Solution : 3615 Patrick ! Coucou Patrick tu nous aimes ? Cool, aide nous !!
Sur ce coup là, il nous a vraiment été d’une grande aide. Par 3 fois il aura fait les allez retours Kuranda Cairns pour que nous puissions finalement acheter ce beau bébé, il nous aura amené au bureau du gouvernement (équivalent de la préfecture) pour que nous mettions les papiers à nos noms, il aura attesté sur l’honneur que nous habitons chez lui depuis plus de trois mois (car nous avions besoin d’une adresse à déclarer), et surtout il aura été un intermédiaire précieux entre le vendeur et nous, car poser des questions techniques en anglais sur l’entretien du véhicule et bien c’est … technique.
Bref après 3 allez retours (soit 6h de route pour ceux qui suivent), nous voilà de retour au refuge avec la bête. Un beau bébé tout jaune, et surtout, tout sale.
(la suite de cet article concerne la transformation « van tout sale » vers « studio cosy sympathique »).

- Mission n°1 : GRAND NETTOYAGE. A l’origine, le van servait à un paysagiste. Ainsi donc à l’arrière, deux grands tiroirs en bois et des racks de rangement en métal. Au sol, un magnifique lino gris, sale comme le reste (mais finalement plus propre que SOUS le lino, nous le découvrirons rapidement). Il a donc fallu tout démonter, et dans cette folie de démontage, on a aussi viré le sol. Bien nous en a pris, puisque dessous il y avait 11 ans de poussière (le van est de 2004). L’arrière ressemblait donc à ce moment là à une coquille de carrosserie vide. On s’est assis au milieu, papier, crayon, et on a commencé à faire des plans. On avait tous les deux des idées, chacun avait forcément les meilleures idées du monde (couple de génies), on a « juste » fusionné tout ça (et on a aussi pas mal « échangé »: -Moi je veux des tiroirs là, ce serait top. -Mais t’inquiètes on peut mettre des box c’est pareil ! – Heu non en fait je veux des tiroirs. –Oui mais on mettra des box c’est plus pratique. (–Début du débat-) Bref, ça fait parti du folklore…), et on est tombé d’accord sur un plan.
On s’est ensuite attaqué à l’avant, où l’ancien proprio nous avait fait le plaisir de nous laisser un cendrier bien plein, ses vieux gobelets de café et tout un tas de petits cadeaux sympas, cachés un peu partout. 4h, c’est ce qu’il aura fallu pour nettoyer l’avant. Un petit arbre magique au rétroviseur plus tard, ça sentait enfin le propre.
Etant au refuge pour encore quelques jours, le grand nettoyage était la seule chose que nous puissions faire. J’ai aussi profité de la machine à coudre de Betty pour coudre des rideaux.
La partie « gros œuvre » attendra que nous soyons chez Patrick, qui nous a déjà fait l’inventaire du contenu de son garage, que nous pourrons utiliser « avec grande joie » durant ses vacances. Encore un point pour Patrick, un !
Nous avons donc terminé notre mois au refuge, et nous sommes allés dans LA maison. L’impatience était réciproque pour Adrien comme pour moi, la veille de partir on était excités comme des enfants avant Noël (et ça tombe bien Noël était dans 3 jours). Nous avons passé les deux premiers jours avec Patrick et Sue, ils voulaient avoir le temps de nous montrer comment la maison fonctionne avant de partir.
C’est à peu près à ce moment là que la saison des pluies a réellement commencé. On en entendait parlé depuis notre arrivée, Cairns la saison des pluies, pluies torrentielles blablabla, mais jusqu’ici nous avions eu grand soleil tous les jours et très très chaud. Et puis un beau jour, il s’est mis à pleuvoir. Et cela n’a pas cessé pendant 5 jours. CINQ JOURS, FIVE DAYS (oui je parle un peu anglais oui). Une pluie battante, puissante, non stop, nuits et jours, jours et nuits. Autant d’eau en si peu de temps, je comprends même pas que les oiseaux ne soient pas palmés.
Ainsi Patrick et Sue sont partis en vacances, nous laissant maitre à bord de la maison (ou plutôt du navire). Niveau météo, en 12 jours que nous sommes là, il a plu 80% du temps.
Dès le lendemain nous sommes allés au magasin de bricolage (Big Up à Miky du rayon bois, qui aura été trèèèès patient, à l’heure qu’il est il a posé sa démission, pour sur), pour prendre tout ce dont on avait besoin pour réaliser nos plans. Et c’est parti pour 3 jours de découpe, de vissage, (de dévissage et de redécoupe aussi, sinon c’est pas rigolo), de peinture, d’ajustement, de révision des plans, de changements, et … d’aménagement !
On peut le dire, on aura tout changé, du sol au plafond (oui oui, on a même changer le plafond, ça c’est une idée –lumineuse- que j’ai eu, qui nous aura fait perdre presque une journée de boulot, nous aura obligé à redescendre au magasin de bricolage (2h de perdu 2 !), et nous aura mis 25 de tension chacun tellement c’était chiant à faire, mais finalement, ça valait le coup).
Sur l’album photo « Aménagement du van », vous aurez (presque) tout le détail des étapes, alors pour résumer ici :
1-  Découpe du sol dans une grande planche en mélaminé imitation parquet. Galère galère pour suivre les formes de la carrosserie, on devra s’y reprendre à plusieurs fois. Pose du sol, et fixation.
2-  Découpe des éléments qui formeront le sommier du lit. Le but était de faire des coffres de rangements latéraux (ouverture par le dessus) au niveau des passages de roues, et des coffres de rangements accessibles depuis l’extérieur et l’intérieur pour la partie centrale du lit (vous comprenez rien c’est normal j’explique très mal).
3-  Peinture des éléments du sommier. On avait des bombes de peinture jaune dans le van à l’achat (le gars les avait achetées initialement pour repeindre le van … oui oui il voulait VRAIMENT peindre la carrosserie à la bombe… graine de génie quoi). Du coup on s’en est servi pour peindre nos planches.
4-  Fixation des éléments peints
5-  Montage des petits meubles à 3 cases (on en a acheté 3, que nous avons fixés ensemble, puis fixés au sol).
6-  Pose du nouveau plafond
7-  Aménagement !  

Auparavant on avait fait le tour des magasins (oh ouiiiii des magasiiiiiins !!) pour acheter les choses basiques : oreillers, couette, draps, vaisselle, table et chaises de camping, réchauds à gaz etc. Une fois le van terminé, on a donc pu l’équiper.  

Voilà où nous en sommes, le van est prêt à prendre la route (oui Papa je ferai les niveaux d’huile avant de partir, PRO-MIS), il ne nous reste « plus qu’à » prendre la carte routière et préparer un semblant de plan de route, histoire de pas se retrouver à dormir sur un parking de supermarché dès la première nuit, et en avant l’aventure !