Voilà un bon bout de temps que nous n’avons plus donné de nouvelles.
Grosse grosse crise de flemme, et puis aussi manque de temps. Et oui c’est fou le temps que ça prend de voyager !

Alors, petit récapitulatif et dernières nouvelles du moment.

Début juin nous sommes donc arrivés à la ferme aux chameaux à Alice Springs, au centre du pays. Nous y sommes restés deux semaines, et avons découvert le mode de vie pour le peu singulier de la famille.
Les deux enfants, garçon et fille, Kit et Ava, respectivement 11 et 8 ans, ont un mode d’éducation un peu marginal. Ils vont dans une école spéciale, où ils ne font presque que des jeux et n’apprennent à lire qu’à partir de 12 ans (oui oui avant, ils estiments que ce n’est pas indispensable…). Du coup quand ils rentrent à la maison ils ont carte blanche pour tout, la mère leur donne l’autorisation de tout faire. Gros délire pour les mômes, qui se goinfrent toute la journée d’à peu près tout ce qu’ils trouvent à bouffer (bonjour, je suis l’obésité, je suis sur la route j’arrive très vite !), qui crient, qui tapent sur tout ce qui se trouve sur leur chemin dehors pour « évacuer le sentiment de colère et de frustration qu’on ressent parfois à leur âge », dixit la mère.
C’est ainsi qu’un soir le gosse a fini aux urgences avec un trou de plusieurs centimètres bien profond dans le pied, ce génie a voulu décharger sa colère sur un rondin de bois avec un genre de machette (classique à 11 ans), il s’est loupé (manque de précision quand même, faudra en parler à l’école), et il s’est tranché le pied. BAM ! Pour le coup sa colère a du lui passer, on l’a plus entendu pendant une semaine. Bref cette expérience n’aura pas été sensationnelle, la mère de famille m’a pris pour une machine à gateaux pendant 15 jours, j’en ai fait plus chez elle que depuis le début de ma vie (oui oui, presque), les gosses étaient vraiment très chiants (en plus Ava trichait au Monopoly, désolée mais ça, ça passe pas).
Il n’y a finalement qu’avec le père qu’on rigolait bien, mais on le voyait trop peu, il bossait 7J/7 avec ses chameaux. D’ailleurs au final on n’aura pas eu le droit de s’en occuper de ses animaux, car « trop dangereux pour quelqu’un qui n’est pas chamelier ». Et comme on n’a pas trouvé de formation de chamelier à proximité (c’est balo), et ben on s’est contenté de faire une balade d’une heure sur leurs dos. Sympa aussi, mais au bout d’un moment tu t’ennuies un peu sur ta bosse.

C’est donc avec la plus grande impatience que nous avons repris la route direction Darwin, le 22 juin dernier.
Ces 1800 kilomètres de ligne droite auront été un véritable émerveillement, chaque jour.
Il y a bon nombre de sources d’eaux, crystalines, magnifiques, pures, désertiques, qui amènent une végétation luxuriante à se développer au milieu de ces immensités arides. Un vrai régale, de quoi faire des pauses trempettes tous les jours ou presque, et se rafraichir de la chaleur qui montait au fil que nous en faisions tout autant sur cet itinéraire. Avant d’atteindre Darwin, nous avons passé 3 jours au Litchfiel National Park, un parc de toute beauté, offrant de nombreuses randonnées, des chutes d’eaux à gogo et là encore, des poches d’eaux limpides superbes un peu partout. Grosse grosse régalade.

Et puis nous avons atteint Darwin, où nous avions prévu de passer 3 jours. Le premier soir en arrivant, se tenait le gros marché de nuit hebdomadaire qui longe la principale plage de la ville. Bon niveau plage à Darwin, faut pas espérer y faire trempette, c’est croco à gogo partout. Suffit de le savoir quoi. Ils ont donc aménagé un lagon artificiel en centre ville, histoire de canaliser la frustration des gens. Du coup on a fait notre petit tour au marché de nuit, on s’est bien régalé à diner là bas, puis nous sommes allés garer le van dans une free zone pour la nuit.
Le lendemain matin nous avions prévu de faire la découverte du centre ville, puis de rayonner autour dans les jours à venir. Une fois arrivés au parking du centre, SURPRISE, on avait creuvé. Une grosse vis bien épaisse plantée dans le pneu, qui chantait un joli pshiiiiiit. Adrien l’a retirée, et là du coup on a entendu un PSHIIIIIT bien plus audible, tellement mélodieux, et en moins de deux secondes la jante touchait le sol, le pneu complètement ratatiné tout autour.
Et honnêtement, ça nous a presque rien fait. Pas de panique, pas de « olala quelle tuile », non, juste « olala grosse vis hein ! ». Bon je pense qu’en temps normal Adrien n’aurait de toute manière pas paniqué, mais moi, face à une telle situation, dans un tel contexte, j’aurai eu comme une -légère- inquiétude, que j’aurai manifesté (peut être) maladroitement. Mais là, nan, ZEN. Tout juste si on se marrait pas. Non, peut être pas quand même. 

Ni une ni deux, on pose le cric, on sort la roue de secours, on remplace, on retire le cric et …. AH, bon ok, visiblement la roue de secours est un peu à plat aussi.
Du coup me voilà à la recherche d’une tête sympathique dans ce parking souterrain payant, et, ne voyant personne en 10 minutes, je retire mon critère de sympathie et décide simplement d’arrêter la première tête qui se pointera. Il s’agira de Bob, la soixantaine, cheveux blanc jusqu’aux épaules remontés dans une charmante queue de cheval, et des habits du même âge. Un peu brouillon sur lui et cracra.
Mais cette creuvaison nous confirmera l’adage qui dit que l’habit ne fait pas le moine, car Bob roule dans un ENOOORME pick up dont l’intérieur sent bon le plastique neuf sorti du conscesionnaire, et au fil de la discussion on apprendra qu’il a un catamaran et vit 6 mois de l’année un peu partout entre les îles tropicales autour du pays. Big up Bob, tu te mets bien.
Il nous aura amené jusqu’à la station service la plus proche, avec notre roue de secours dégonflée (pendant que le van nous attendait patiemment une jambe en l’air), et nous aura ramené au parking. Bref, Bob est très gentil, on l’a bien remercié.  On serait bien allés faire un tour dans son catamaran mais les tentatives pour aborder le sujet dans la voiture ont toutes échoué.
Après ça, on a donc enfin pu découvrir la ville, et ça n’a pas été le coup de foudre. Déjà, chaleur de fou, 40 degrés à l’ombre (en plein cœur de l’hiver, oui oui, bienvenue au nord du pays), plages innaccessibles car Crocoland, et les rues du centre n’ont rien ni de charmant, ni d’intéressant.
Bref, on commence à repenser aux chutes d’eaux à 100km au Sud, pendant que nos dos ruissèlent gentiment, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous voilà reparti dans le van, direction la sortie de la ville, barrons nous vite. Sur la route on s’est quand même arrêté pour acheter 2 frites de piscine, histoire de vraiment se régaler comme il faut dans les sources, et de se laisser porter par les flots.
Et c’est ainsi que nous avons repris la route plus tôt que prévu, après seulement une demie journée sur zone.

Cette dernière portion s’annonçait moins intéressante que toutes les autres faites jusque là. En effet, la route entre Darwin et Cairns est désertique, certes, ça nous avions déjà l’habitude, mais pour le coup il n’y a AUCUN points d’intérêts entre ces deux villes. Alors au lieu de rouler 3h par jour, comme nous avions l’habitude, là on a tracé, 7 à 8 heures par jour, jusqu’au dernier jour où nous n’étions plus qu’à 600km de Cairns et cette motivation de se dire « on arrive sur Cairns aujourd’hui, OBLIGÉ ! ».

Théoriquement on aurait du faire cette dernière portion en 6 ou 7h max, et puis en fait, on a eu comme une petite erreur d’aiguillage à cause du GPS (et de toutes les cartes routières qu’on a eu entre les mains d’ailleurs), qui disaient que « ici, y’a une route ouais, vas y, c’est bon ». En fait non les mecs, quand c’est juste du sable on peut pas appeler ça une route, c’est genre une piste pour 4X4 à la rigueur, mais définitivement pas un axe routier digne de ce nom. Nous voilà donc embringués sur cette jolie piste de sable, terre, cailloux, bien orange, parfois bien lisse, et parfois bien escarpée. Après quelques centaines de mètres on voit un dépanneur venu chercher un van qui avait visiblement fait une sortie de route et quelques tonneaux, vu comme il était devenu compact. On s’arrête, histoire de lui demander combien de temps dure cette piste, et à quel moment la route reprend. Sa réponse : une petite centaine de kilomètres. Ok, donc ce serait beaucoup de trop long de rebrousser chemin, faisons donc ces 100 kilomètres.

Alors Monsieur, je sais que tu ne liras jamais ces lignes mais je tiens quand même à me décharger d’un message pour toi : menteur, menteur, MENTEUR. Ce n’était pas cent mais bien TROIS cents kilomètres de piste. Voilà, donc en fait ce jour là, le dernier des derniers du road trip, on a roulé presque 10h, dont pratiquement 4 à être secoués comme des pruniers au milieu d’un immense rien du tout, à ne jamais savoir à quel moment nous allions retrouver une vraie route. Et là on réalise la fiabilité de notre super van Kia, qui se sera fait faire en prime un petit masque de poussière de terre sur sa belle carrosserie jaune, devenue orange pour l’occasion.
Et c’est enfin au terme de ces longues et interminables heures que nous atteindrons Cairns. Et, comme un retour à la maison, on reconnaît tout, et sans GPS nous retrouvons la maison de Britta, chez qui nous avions passé deux mois à notre arrivée l’année dernière. C’est comme de se glisser dans des pantoufles après avoir porté des chaussures de rando pendant des mois. A ce moment là, où nous garons le van devant la maison, nous coupons le moteur et nous descendons du véhicule, on peut se le dire, ça y est, officiellement : ON L’A FAIT. Ce road trip, merveilleux, passionnant, impressionnant, grandiose, magnifique, incroyable, c’est FAIT. Ces semaines à travers la côte Est, Sud, Nord, à travers le désert, à travers tous ces paysages aussi riches que variés, 20 000 kilomètres, c’est fait. Et sacrément bien fait. 

On retrouve Britta dans ce moment d'euphorie, et notre couple d’amis Solen et Florian rencontrés à la retraite de yoga avec qui nous avons donc déjà vécu deux mois, auxquels nous avions conseillé de venir faire du HelpX chez Britta (parce que c’est la bonne planque en fait).
Nous passerons les 4 jours qui suivirent chez elle, dans cette colocation de folie, et puis nous retournons comme prévu, au refuge d’animaux où nous étions allés le mois de décembre dernier. Il était prévu que nous restions au refuge 3 semaines. Finalement, après 7 jours de bons et loyaux services, j’en ai eu un peu raz la casquette, et je suis retournée chez Britta. Pourquoi raz la casquette ? parce que travailler 16h par jour c’est déjà pas facile, quand en plus c’est du bénévolat la motivation devient parfois dure à trouver, et quand pour couronner le tout la vieille qui gère le refuge devient insupportable, et bien la situation l’est tout autant. Alors j’aime beaucoup cette dame, Betty, elle peut être adorable, c’est une source de connaissances intarissable, elle fait super bien à manger, mais elle est malade du cœur et s’est fait opérer récemment, et du coup ça lui donne une bonne excuse pour aboyer un peu sur qui elle veut quand elle veut. En mode « j’ai le droit, je suis énervée parce que je suis malade ». Adrien lui, arrive à passer outre tous ses sauts d’humeur, et se régale tellement à travailler à l’aménagement et à l’amélioration du refuge qu’il se moque pas mal de ce que peut gueuler Betty à côté. Mais moi, ça m’a gonflé, alors après une semaine de torchage de kangourous, retour au calme chez Britta.
Je passerai récupérer Adrien deux semaines plus tard. Je suis quand même pas folle, histoire qu’il se fasse pas la malle sans moi, j’ai gardé son passeport.

Trois jours après être arrivée chez Britta, j’ai trouvé un travail, avec (beaucoup) de chance. Cela tombe à pic, et nous permet de renflouer les caisses avant de préparer la suite. Parce que oui étonnamment, l’argent ne tombe pas de ciel, même ici. Et après presque un an sans travailler, et avec les coûts d’un tel voyage et bien … il est temps de s’y mettre. Alors comme Adrien était au refuge, je n’avais rien d’autre à faire que d’aller au boulot, du coup c’est du 7J/7.
Je travaille en cuisine d’un restaurant très sympa à Trinity Beach, à 15 minutes de chez Britta. Je m’occupe à la fois de la vaisselle (partie chiante), et d’aider le chef (partie chouette). L’équipe est vraiment sympa, on rigole bien. C’est assez physique, il fait chaud et forcément ça va très vite en cuisine, mais au moins j’ai du travail, et sur Cairns dernièrement c’est assez compliqué d’en trouver. Ne crachons pas dans la soupe.


Hier dimanche 24, je suis allée chercher Adrien, qui va du coup se mettre également en recherche d’emploi. Il nous reste 10 semaines avant que nos visas australiens expirent. Nous restons donc tranquillement chez Britta pendant ce temps, nous travaillons et nous préparons la suite.
La suite ? et bien je ne vais pas vous dévoiler tout le détail, on veut vous garder un peu de mystère, et d’aventures sous le coude. Disons que ça se passera quelqueS partS en Asie, pendant minimum 6 mois.
Le Vendredi 30 septembre à 21h nous prenons un avion pour quitter cette belle Australie, que l’on aura bien exploré. On vous dira plus tard la destination.

La suite s’annonce tout aussi incroyable que cette première grosse partie que nous sommes en train de terminer. On a hâte !