Avant d’arriver sur Alice Springs, nous avions prévu de faire un détour de 3 jours par le parc national d’Uluru. Comment passer à seulement 400km de là sans s’y arrêter. A l’échelle du pays, c’est à côté.

Nous voilà donc partis en ce premier jour pour découvrir le fameux caillou orange/rouge, véritable emblème du pays.
On rentre sur les terres aborigènes, qui sont les traditionnels propriétaires des deux « montagnes » : Uluru et Kata Tjuta. Il s’agit de 3 groupes alliés : les Pitjantjatjara, les Yankunitjatjara et les Luritja (aussi chiant à écrire qu’à lire), regroupés sous le nom des Anangu. Ces chasseurs cueilleurs semi nomades habitent la savane du désert central de l’Australie depuis plus de 40 000 ans. Ces 2 sites sont considérés comme « sacrés » par les aborigènes, ils réalisent certains rites autour de ces reliefs, et respectent des traditions vieilles de plusieurs millénaires. De nombreuses légendes entourent ces lieux.
L’énorme « monolithe » Uluru et « les dômes rocheux » de Kata Tjuta font donc partie intégrante du système de croyances traditionnelles de l’une des plus anciennes société humaine au monde.
Lors de la colonisation blanche, à la fin du 19ème siècle, les aborigènes ont été dépossédés de leurs terres et de leurs sites sacrés. Un exemple parmi tant d’autres de ce que les « blancs » ont fait aux populations locales à leur arrivée.
Récemment, (il y a 30 ans) à la suite de négociation avec le gouvernement australien, le site a été rendu à ses propriétaires traditionnels, et est maintenant co géré par les aborigènes et les services gouvernementaux des parcs nationaux. L’exploitation touristique est réalisée par des sociétés privées, qui reversent les royalties aux communautés locales. C’est un semblant d’équilibre dont les décisions sont toujours prises en faveur du gouvernement australien bien évidemment, et sur lesquelles les aborigènes n’ont malheureusement que peu d’amplitude de mouvement.

Une fois l’entrée du parc passée, et 25$/personne plus tard, nous roulons encore une bonne vingtaine de kilomètres avant de découvrir, au loin, ce qui nous a fait tant rêver pendant ces milliers de kilomètres, Uluru, fièrement dressé au milieu de cette infinité plane. Nous découvrons le fameux monolithe sous la pluie, mais on est tellement contents d’être là, il règne ici une atmosphère tellement particulière, que rien n’entache notre enthousiame.
Parapluie et Kway, c’est parti pour la promenade qui fait le tour du rocher, soit environ 13km avec les petits détours qui mènent à des points de vue particuliers. Un vrai régale, nous n’avons pas vu passer le temps, tout nous émerveille, c’est impressionnant de se retrouver aux pieds d’un tel monument naturel.
Soit disant cette balade était grade 3 sur 4 dans le guide, on a pas bien compris pourquoi, c’était presque tout plat.

Pour dormir, nous devons ressortir du parc, et nous trouvons un endroit autorisé pour nous stationner à environ 40km. Le lendemain matin, un épais brouillard nous bouche complètement la vue.
On a tendance à oublier qu'à quelques kilomètres du célèbre rocher Uluru (également appelé Ayers Rock), se trouve un autre site tout aussi impressionnant. Les Monts Olga (Kata Tjuta). Si Uluru est un gros caillou rouge, alors les Monts Olga, c'est plein de gros cailloux rouges. Impossible de monter dessus. Ce qu'il y a à voir se situe entre les rochers. L'ombre dégagée par ces derniers a permis à une végétation luxuriante de se faire une place parmi l'aridité du désert.
La randonnée de prévue, qui permet d’aller au cœur des Kata Tjuta et d’en faire le tour, s’annonce compliquée. Nous décidons de prendre la route tout de même. Le brouillard est si épais que l’on ne voit rien sur les côtés, et à peine quelques mètres à l’avant du van. Les Kata Tjuta sont à une cinquantaine de kilomlètres de l’entrée du parc. Plus les 40 que l’on avait fait pour se garer pour la nuit, voilà un petit 100km de passer sous ce manteau de coton. Le GPS nous indique que nous sommes arrivés, on se retrouve sur un parking où il n’y a qu’une seule autre voiture, il est 9h, on est censés être aux pieds des dômes, et pourtant, on ne voit rien.
On reste assis dans la voiture 10 minutes, et ô miracle, en moins de 15 minutes le brouillard s’est complètement dispersé.
Et là, effectivement, nous nous retrouvons aux pieds de ces IMPRESSIONNANTS dômes.
C’est drôle comme nous sommes habitués à ce que tout soit construit à notre échelle, que tout soit à notre portée, dans la vie de tous les jours. Et là, tout d’un coup face à ça, on se retrouve face au gigantisme que la nature est capable de faire, déjouant toute proportion. On se sent juste tout petit.
La randonnée est indiquée grade 4, habituellement ça m’aurait refroidi, moi Camille la grande marcheuse qui a juste la flemme d’aller jusqu’à la boite aux lettres parfois, mais là, face à un tel spectacle, j’ai juste hâte de marcher tous ces kilomètres pour mieux découvrir tout ça.
Effectivement, le circuit est nettement plus complexe que la veille. On se retrouve parfois à s’agripper aux rochers, à passer sur des sentiers qui ne sont en fait pas franchement des sentiers. On passe entre les dômes, on se retrouve entre des failles, on prend de la hauteur, petit à petit, et tout d’un coup, nous arrivons au point de vue sur La Vallée des Vents. Sensationnel. Ça nous laisse sans voix. On se repose quelques minutes, on boit un coup, et on attaque la redescente.
Le soleil est, sur cette seconde partie, carrément présent, et c’est intéressant de voir la différence de couleur de la roche entre la fin et le début de la rando. A peine 4h plus tard nous voilà de retour au parking, on mange un bout en vitesse, et on repart direction la 2ème rando de la journée, dans les Walpa Gorges, un tout petit chemin d’à peine 3km qui fait passer dans des gorges en entonnoirs. Là encore les superlatifs fusent, on ne sent même pas la fatigue accumulée lors de la balade du matin.

Après ça nous retournons voir notre ami Uluru, qui nous offre un nouveau spectacle sous les couleurs ensoleillées. Ça change de la veille, mais pour autant nous ne sommes toujours pas sûrs de quelles couleurs sont avons préférées. Sous la pluie certes ça mouille, un peu, mais c’est vraiment joli, et ça change des images de carte postale que l'on a l'habitude voir pour ce lieu.

Le soir, nous dormons comme des bébés, nous reprenons des forces en prévision de notre dernière journée découverte du centre rouge.
Nous prenons la route le lendemain matin sous le même brouillard épais que la veille, et nous devons rouler 300km pour rejoindre Kings canyon. La route est un cul de sac, qui n’amène que là bas. Nous ferons l’allez retour dans la journée, soit 600km pour une rando, y'a vraiment qu'ici qu'on fera ça!  
Et, tout comme la veille, le brouillard se dissipe à notre arrivée, en veinards que nous sommes. Pour le coup le soleil s’impose très rapidement, et nous commençons le circuit sous un merveilleux ciel bleu. Enfin…. Merveilleux, jusqu’à ce que je constate que pour démarrer la randonnée, il fallait d’abord commencer par monter en haut du canyon, par des « escaliers » faits avec la roche, aussi raides qu’irréguliers. Une petite marche, une immense marche, une moyenne, une gigantesque, une minuscule….. on gravit ainsi tout un versant du canyon, et une fois en haut...
WOW. Juste WOW. C’est encore quelque chose de totalement différent de ce que l’on a vu et expérimenté jusque là, et je crois que c’est ce qui nous a le plus impressionné jusqu’ici. Ca valait le coup de suer sous ce soleil de plomb.
Nous poursuivons notre circuit ainsi pendant 7km, ce qui ne paraît pas énorme, mais quand on voit la géographie du lieu, et qu’il nous a fallu 40 minutes pour faire 600 mètres pour aller jusqu’à un point de vue, je me dis heureusement que y’en avait pas 15. On longe un côté du canyon, et puis on rejoint des escaliers qui descendent jusqu’en bas avant de remonter pour poursuivre la randonnée de l’autre côté. Je me demande encore pourquoi ils n’ont tout simplement pas mis un pont qui relie les deux côtés, en haut, plutôt que d’avoir à se taper toute la descente puis toute la remontée juste après. Non non je râle pas, je m’interroge, c’est tout.
Le sentier qui longe les falaise du canyon pourrait justifier à lui seul de faire la route jusqu'au centre rouge. D'un coté des dômes de pierre à perte de vue dignes d'un décor d'un film de science fiction, de l'autre des falaise abruptes à vous donner le vertige. Si vous avez prévu de vous suicider en Australie, je ne peux que vous conseiller de sauter du haut d'une de ces falaises.
Quoi qu’il en soit cette balade a été grandiose, on a vu des paysages que nous n’avions alors même jamais imaginés, il n’y avait personne, on avait tout rien que pour nous, c’était génial.

Ah, j'allais oublier d'aborder un sujet important et faisant partie intégrante de la vie dans l'outback : la présence de ces milliers de PUTAIN DE MOUCHES DE MERDE, dont je m'interroge réellement sur la pertinence de l'existence sur terre.
Elles prennent chaque humain pour du bétail, et viennent se coller tranquilou pépouze sur tes yeux (oui oui ouverts, c'est bien mieux que les paupières fermées), rentrent dans ton nez, squattent ta bouche. On peut en avoir facilement 50 spécimens chacun sur soi, elles se posent aussi dans ton dos et font les balades avec toi, sans se fatiguer. Une technique qu'Adrien a brillamment mise au point, consiste à te secouer lorsque tu croises d'autres personnes sur les sentiers. Certes ça donne l'air un peu con et ça n'arrive pas souvent mais quand c'est le cas faut en profiter, on se secoue à mort, ça fait voler les mouches et il y en aura toujours quelques une qui iront se recoller sur les gens plutôt que sur toi. Y'a pas de petites victoires dans un tel degré d'emmerdements. 
Heureuuuuusement que je nous avais confectionné des chapeaux avec filets anti mouche intégrés !


Voilà, après 3 jours à la découverte du centre rouge, et plus de 30 km de rando au compteur (grosse fierté personnelle, mon père n’en reviendra sans doute pas), nous avons fait les 500 derniers kilomètres qui nous ont amené jusqu’à Alice Springs, et jusqu'à la ferme aux dromadaires. Nous vivons avec une famille ayant 2 enfants, un garçon et une fille, respectivement de 11 et 8 ans. C’est la vraie vie dans l’outback australien avec les purs souches de là bas. Ça ne fait que 48h qu’on est là et je pourrai pourtant déjà tellement en raconter ! Mais non, je me retiens, la suite au prochain épisode :)