En quittant le boulot, et la ville de Townsville, nous faisons route vers Airlie Beach, ville dont le port est le point d'entrée sur les fameuses Whitsundays, archipel de 74 îles. Petit retour sur ses quelques jours en plein rêve ...

JOUR 1 :
Rendez vous au port d’Airlie Beach à 8h45.  Nous découvrons les 8 autres personnes qui vont faire le voyage avec nous. Le garçon qui nous accueille et se présente comme étant notre accompagnateur pour la croisière, semble aussi jeune que Simon dans la première saison de « 7 à la maison »… sur le coup je me dis « pourvu que ce soit pas lui le skipper, il est bien trop jeune pour diriger un voilier ! ». Il s’appelle Sean, et nous le suivons jusqu’au bateau.
Sur place on découvre Dave, qui semble avoir beaucoup plus d’expérience que Sean, avec environ 60 printemps au compteur, et nettement moins de dents. Pour la beauté du sourire on repassera, mais tout ce qui compte c’est qu’il manie ses voiles comme il faut, et qu’il sache où aller dans cette infinité bleue. (Niveau capillarité, on est loin aussi du chanteur du même nom. Ok ok, j’arrête).

Après avoir embarqué, visite (express) du bateau, pas besoin d’une demi heure pour faire le tour. On découvre la « pièce de vie-chambre principale- cuisine », avec des lits en formes de suppo, superposés les uns sur les autres sur 3 niveaux, puis une micro salle de bain d’à peine un mètre carré (on peut difficilement faire plus petit, à moins peut être de mettre la douche sur les chiottes…). Donc en fait avant d’embarquer tu laisses ton intimité et ta claustrophobie au port.
La météo est mitigée en cette matinée, c’était prévu, des petits nuages sont là mais devraient se disperser au fil de la journée. 10 minutes après avoir quitté la terre, les petits nuages ont visiblement pris des force, et on se retrouve sous une pluie battante, tout le monde rentre alors dans la cale (sauf Dave hein, bien entendu !). Sur le coup je suis en mode dégoutée, on se retrouve tous agglutinés dans ces quelques mètres carrés, on peut même pas s’asseoir sur nos lits car sur 1m90 de haut il y a 3 couchages empilés, impossible de tenir assis, dehors c’est l’apocalypse. Il ne m’en fallait pas plus pour commencer à énumérer tous les défauts de l’embarcation.
Sean ne perd pas le sourire, et distribue à chacun un (très bel) imper jaune poussin. Tout le monde enfile donc son costume de marin et retourne sur le pont, sauf moi. Je continue à faire mon boudin, je pose un bout de fesses sur un lit, et j’attends. Finalement après avoir boudiné pendant plusieurs minutes, je me décide à enfiler à mon tour mon imper (j’ai eu un XXL du coup il me tombe jusqu’aux chevilles, au point où j’en étais ça ne m’a même pas dérangé) et à rejoindre les autres. Au bout de quelques minutes nous sortons de l’orage, et petit à petit le soleil s’impose (et mon sourire aussi).
Dave éteint le moteur, Sean hisse les voiles, et c’est parti, nous voguons ainsi pendant presque 3h entre les îles, les paysages changent et ne se ressemblent pas, l’océan offre une palette de bleus impressionnante. On se régale tous, assis tout autour du pont. On voit des dauphins jouer au loin, des poissons énormes et des plus petits, tous incroyablement colorés, et, comble de l’émerveillement, des tortues qui viennent à la surface reprendre leur respiration. C’est les premières tortues que nous voyons, on en revient pas.
Premier arrêt de la croisière : la WhiteHeaven Beach, celle dans le classement des plus belles plages du monde. On comprend très vite pourquoi. Comment dire ? … PARFAITE. Un sable presque irréel, fin comme un souffle de poudre de riz (Sean nous apprendra qu’il s’agit de l’un des sables les plus purs du monde, 98% de silice) d’une blancheur incroyable, qui vient contraster la transparence de l’eau turquoise, et le vert de la forêt environnante. Le groupe se sépare, nous avons 3h pour explorer les environs. Avec Adrien nous enfilons nos combinaisons anti méduse (obligatoires), et traçons loin des autres. A peine avons nous marché les premiers mètres que déjà nous apercevons dans l’eau depuis la plage les premiers gros poissons. On s’approche un peu, on trempe nos pieds dans cette eau à 30 degrés. On regarde l’un de ces poissons s’approcher de nous à même pas 30 centimètres, et, OH SURPRISE, c’est un requin ! même pas peur il faisait environ 70 centimètres, pas de quoi s’affoler Maman ! Très joli animal, le corps tacheté, dans les tons jaunes, un régale à observer.
On profite ainsi de l’endroit pendant 3 heures, à observer tantôt les raies, tantôt les poissons multicolors, tantôt les requins qui se font un festin de petits poissons du récif. Le paysage est somptueux, l’étendue de sable est impressionnante tant par sa superficie que par sa forme, qui évolue au fil des heures et de la descente des eaux. Des bancs de sable apparaissent au loin, la plage s’étend.
Retour sur le voilier en fin de journée, nous profitons des derniers rayons du soleil depuis le milieu de l’océan, on n’arrête pas de se régaler. La vie sur le voilier s’organise, Sean est un vrai cordon bleu, on se régale de ses repas. Pour la douche c’est très sportif, au delà de la contorsion évidente dont il faut faire preuve pour tenir dans ce si petit espace, nous sommes limités à 2 minutes par personne, car les réservoirs d’eau douce ne sont pas extensibles.

JOUR 2 :
Cap sur Hook Island et Hayman Island.
Cette deuxième journée pourrait se résumer en un seul mot : snorkling ! Le matin, plongée à « Manta Raie Bay », et l’après midi dans les eaux de Blue Pearl Bay (qui porte le nom de « bleu » car il y a une grande quantité de magnesium dans l’eau, ce qui lui donne cette couleur bien prononcée. La navigation jusqu’à ces baies a été quelque peu mouvementée, avec de très grosses vagues et des creux de deux mètres (sans rire c’est pas moi qui l’ai dit c’est Dave !) Dans les deux cas nous avons pu observer de très nombreux poissons, et Adrien avait pensé à garder du pain du petit déjeuné, qu’on a ainsi pu distribuer une fois sous l’eau (normalement je crois qu’on a pas trop trop le droit mais bon, pas vu pas pris !…). C’était impressionnant de voir la quantité de poissons qui grouillaient autour de nous. Parfois il y en avait tellement qu’ils venaient s’écraser sur nos lunettes de plongée, on ne voyait plus rien devant nous à part cette masse d’écailles colorées. Nous avons aussi fait la connaissance du « Maori Wrasse », le plus gros poisson que l’on n’est jamais vu ! Largement plus d’un mètre de longueur, il est impressionnant tant par sa taille que par sa palette de couleurs ! Sa femelle est tout aussi imposante (sans vouloir l’offenser), mais ses couleurs sont moins exotiques.
L’ensemble des Whitsundays est classé patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981, on comprend vraiment pourquoi une fois en plein cœur, tant cet endroit semble aussi fragile qu’exceptionnel.
Le soir, nous ancrons dans une baie qui nous offre un coucher de soleil superbe, puis nous passons la soirée sur le pont, à observer le mât du voilier qui semble danser entre les millions d’étoiles qui apparaissent au dessus de nos têtes. Le skipper est très calé dans le domaine, et avec un laser très puissant, il semble nous les montrer du doigt et nous explique les constellations. La pollution européenne, que ce soit atmosphérique avec les gaz ou bien visuelle avec toutes les lumières utilisées dès la tombée du soleil, nous prive d’un spectacle somptueux, qui est bien entendu observable depuis l’endroit où nous sommes à cet instant, au milieu de nulle part, en pleine nature sauvage, sans ville aux alentours. Très beau moment.
Pour mieux les observer, on avait éteint toutes les lumières sur le bateau. On était ainsi dans le noir le plus total. Chaque petit bruit prend ainsi des proportions inquiétantes, surtout lorsque les bruits viennent de l’océan…. Ainsi, j’ai frôlé la crise cardiaque quand on a entendu à 15 centimètres de la coque un énorme remue ménage, comme si des baleines se battaient juste à côté de nous. Courageusement, je dis au groupe « I have a torch ! ». Je vais donc chercher la lampe de poche, je la donne à Adrien (oui mon courage s’arrête là…), et nous nous mettons tous à scruter la surface de l’eau. Le bruit se fait entendre de nouveau, mais de l’autre côté du bateau. On fait donc deux groupes, un qui regarde de chaque côté (malin hein ?). Et cette fois, le bruit se fait entendre en direction de l’avant du bateau, là où forcément, il n’y avait personne. Ok, la bête joue avec nos nerfs donc… Au final on aura passé 30 minutes à faire le tour du pont avec des lumières aussi puissantes que le rétro éclairage des montres Casio, et on aura jamais vraiment vu la bête (une ombre a bien été aperçue un moment, mais à cause du manque de témoins présents à cet instant, on ne peut pas vraiment crédibiliser l’information.).
Bref je sais toujours pas quel est le con qui a jeté les miettes des paquets de biscuits par dessus bord, mais grâce à lui les mastodontes des fonds marins se sont tapés une soirée dansante à côté de nous.

JOUR 3 :
La journée a commencé tôt, car cette fois nous n’avions pas à naviguer longtemps pour se rendre au nouveau spot à voir. A peine 15 minutes et nous voilà arrivé dans une baie réputée pour ses tortues de mer, qui viennent se nourrir de l’herbe sous marine présente dans l’endroit. Plein d’enthousiasme à l’idée de voir les tortues depuis l’eau (depuis 2 jours on les voit depuis le voilier, quand on navigue, très frustrant ça se limite à un bout de tête sur 1 seconde et demi). On enfile donc nos combinaisons intégrales (qui  nous protègent à la fois des méduses très présentes dans toutes les Whitsundays, mais qui protègent aussi le récif de corail des crèmes solaires qui le tue au fil des années). Masque, tuba, GoPro chargée à bloc, nous voilà fin prêt à observer Crush et Squizz (…… les tortues dans Némo quoi ! culture voyons, culture !).
Après 2h de nage à ratisser le coin pire qu’un chercheur d’or, on se résigne : pas de tortue pour nous cette fois ci. On aura quand même bien profité des fonds marins et des poissons. On fait signe au skipper, pour qu’il vienne nous chercher avec le zodiac. On se dit qu’on va rester un peu avec lui, plutôt que de retourner sur le voilier à ne rien faire. Et à peine 10 minutes plus tard, surpriiiiiiiise, Squizz est sorti de sa cachette !! on voit une tortue à 1 mètre du zodiac reprendre son souffle, alors vite on prend le nôtre et on saute dans l’eau ! Quelle beauté ! on est émerveillé comme des gosses à suivre cette tortue pendant son repas. De fil en aiguille, on ne la lâche plus, et on nage comme ça sur bien 500 mètres. Le courant devenant un peu plus fort, on décide de la laisser poursuivre sa route toute seule, et de nouveau nous retournons sur le zodiac. Alors que nous allions en direction du voilier, nous en voyons une nouvelle. Sans hésiter, retour dans l’eau immédiat ! Celle ci est en train de se régaler avec une grosse méduse de la taille d’une salade (aliment favori des tortues). On se place autour d’elle avec quelques autres personnes du groupe qui nous ont rejoint, et on observe son agilité à mordre dans cette matière qui semble si bizarre. J’allume la GoPro, je filme de supers beaux moments (prochainement sur le blog), je prends des photos incroyables, et puis… oh tiens, qu’estce que c’est que cette sensation là ? Oui cette sensation de chaleur sur la bouche ? ah non en fait c’est pas de la chaleur, ça brûle on dirait. Non en fait ça brûle pas ça arrache ! On me passe un scalpel sur la lèvre ou quoi ? MON DIEU MON DIEU AU SECOURS SAUVEZ MOIIIIIIII !!! Un filament de la méduse est en fait venu se coller sur ma bouche… Panique sous les tropiques. Adrien comprend la situation, il tente de me calmer (heu… Tom Cruise dans mission impossible c’était plus réaliste !), il fait signe au skipper qui arrive à la vitesse de l’éclair avec son zodiac, il nous charge dessus et en 2 secondes nous sommes sur le voilier. Sans crier gare il m’assoit, me bascule la tête en arrière, et je me fais noyer sous 4 litres de vinaigre blanc (ici ils en ont de partout au bord des plages, dans les bateaux ect, justement pour ce genre de situation). Sauf que moi, j’étais en train de chialer (bichette !), et il me noie entre deux sanglots alors que je reprenais ma respiration à plein poumons. Résultat tout mon système ORL a été envahi de ce liquide affreusement dégueulasse et piquant. Je crois que ça a été plus douloureux encore que la piqure en elle même. Après ça il me tend un verre d’eau (genre verre de l’amitié ? non mais là on est plus pote en fait t’as failli me tuer Cousteau !). Adrien aussi a été piqué, au visage (en essayant de me porter dans l’eau, quel homme !), ça lui fait une belle cloque à côté de l’œil. Je me remets doucement de mes émotions dans la cale, Adrien me répète sans cesse que ce n’est rien, que ça va aller, que je n’ai rien, et puis je croise mon reflet dans le miroir. Scandale. Nabilla option bouche de canard XXL. Affreux.
Sean crie « LUNCH READY ! » sur le pont, tout le monde vient manger, moi j’ai juste envie d’un Mister Freeze à me coller sur la tronche. Dieu merci 2H plus tard, l’effet Botox était retombé, la douleur aussi.
Après ces péripéties, nous prenons la direction du port, Dave propose à Adrien de prendre les commandes du voilier. Super Titi nous aura donc ramener à Airlie Beach en traversant des eaux bien turbulentes, dans lesquelles le bateau s’est retrouvé en diagonale de la surface de l’eau sur des dizaines de kilomètres. C’était un moment vraiment sympa. Le soleil était là encore à son maximum. Ainsi s’est achevée cette bulle de bonheur au rythme de l’eau.
Nous avons adoré cette expérience, qui est l’une des plus belles que nous ayons faite jusqu’ici (pour ne pas dire LA plus belle).

Le lendemain matin à 11h nous avions rendez vous à l’aéroport pour le vol d’une heure au dessus de la barrière de corail. Grosse déception en arrivant, le gars nous dit qu’un vol a du être annulé (comme par hasard, le nôtre !) et qu’ils ont du replacer les passagers dans d’autres avions. Ainsi nous ne sommes plus ensemble. Adrien n’a plus envie de faire le vol dans ses conditions, et demande le remboursement. Je décide de le faire quand même, histoire que l’on ait des photos vues du ciel, qui promettent d’être hors normes.
Finalement ce coup de malchance m’apportera de la chance quelques minutes plus tard, au moment de monter dans l’appareil. Les places (10 au total) sont attribuées par le pilote, qui essaye d’équilibrer les charges dans l’avion. Il place des groupes de 2 en premier, afin qu’ils soient à côté. Et moi, comme je suis toute seule, et bien je me retrouve à côté de lui, à la place du copilote ! OUIIIII ! Je me retrouve avec les doubles commandes et tout, le petit volant entre les jambes (mais oui t’inquiètes Top Gun, j’y touche pas à ton bordel !), et surtout, SURTOUT, la graaaaande fenêtre et le pare brise juste pour moi (alors que les autres se contentent d’un petit hublot tout rikiki).
L’heure de vol est passée à une vitesse incroyable, tant les choses à observer depuis les airs sont nombreuses. Les couleurs sont indescriptibles, les paysages tout autant. Le meilleur moment a été le survol d’Heart Reef, la fameuse île en forme de cœur, rendue si populaire par Yann Arthus Bertrand. En fait ce n’est pas vraiment une île car il n’y a pas de terre, c’est juste les coraux sous marins qui ont cette forme de cœur, et qui sortent des eaux selon les heures de la marée. A l’heure où nous passons, les coraux sont complètement en dehors des eaux, c’est magnifique (et minuscule, 17 mètres de diamètre, autant dire une micro crotte dans l’océan quoi). Pas la peine de parler davantage de ce vol, les photos suffisent, allez les voir dans l’album « s’envoyer en l’air ».

Depuis nous avons repris la route, de Airlie Beach nous sommes passés à Yeeppon (petite ville en bord de mer sympathique), puis Rockhampton où nous avons visité les Capricorn Caves (grottes formées il y a 5 millions d’années, quand tout était encore sous les eaux par des coraux qui se sont compactés au fil des siècles, très beau à voir, et surtout il faisait frais ! 20 degrès dedans contre 38 dehors …), on a fait un tour au Zoo, puis Agnes Water (kedalle à voir, on y a passé 1h), et là nous venons d’arriver à Bundaberg.
Au programme ici, visite de la (fameuse) distillerie de Rhum, avec dégustation à la fin (je crois qu’on va dormir sur le parking !), et dans la nuit nous allons sur la plage de « Mon Repos » avec un gars de l’office du tourisme pour observer les tortues qui viennent pondre leurs œufs. Nous avons de la chance nous tombons pile dans la bonne saison.
Demain, nous reprendrons la route. Nous ne nous lassons pas de voir défiler les paysages, nous passons tellement de bons moments. Chaque kilomètre est une découverte. Dans 4 jours nous serons sur Fraser Island, qui promet aussi des moments inoubliables.