Aux dernières nouvelles nous devions aller visiter la distillerie de rhum Bundaberg dans la ville du même nom.
Et bien bonne nouvelle, tout s’est passé comme prévu.
La première partie de la visite était la moins intéressante, avec l’histoire de la marque version musée. Certes on a appris plein de choses, mais c’était pas passionnant. Dans la seconde partie, un guide nous fait visiter la distillerie, et là ça devient cool. Malheureusement nous n’avons pu prendre aucune photo de l’intérieur de l’usine, les appareils photos et téléphones portables y sont interdits. Soit disant car les batteries pourraient exploser au contact de certains composants des cuves…. Moi je crois surtout que c’est pour éviter l’espionnage industriel. Pas folle la guêpe. Vient ensuite la 3ème et meilleure partie de tous les temps : la dégustation ! 2 verres chacun, à choisir parmi plus de 30 rhums différents, quel choix cruel ! On se régale bien, et puis un petit tour par la boutique souvenir plus tard (et une nouvelle casquette pour moi :) ), nous voilà repartis.

Le soir nous avons rendez vous à la plage de Mon Repos, à l’Est de Bundaberg, au centre d’observation des tortues. Le rendez vous est donné à 19h, mais sur les billets il est bien indiqué que ça peut durer jusqu’à 2h du matin, les tortues n’ayant pas de montre, elles viennent bien quand elles veulent, si elles viennent un jour ! Après 3 longues heures d’attentes, c’est vers 22h qu’il se passe quelque chose sur la plage.
Avec notre groupe, 2 bénévoles et un ranger, nous allons donc observer ce qu’il se passe. Et, miracle de dame nature, des bébés tortues sortent du sable, et se dirigent en direction de l’océan. Les photos sont là aussi interdites, car les lumières font perdre le sens de l’orientation aux tortues. Il y a juste à un moment lorsqu’un bénévole nous indique que nous pouvons toucher une tortue que les photos sont autorisées (ce qui explique qu’il n’y ait que 3 clichés sur plus de 40 bébés ce soir là). C’est vraiment exceptionnel à regarder, la manière dont leur instinct leur indique où est l’océan, alors que leur trou était à plusieurs dizaines de mètres de l’eau. On finira de s’émerveiller vers 23h30.

Suite à cet arrêt à Bundaberg, nous avons roulé jusqu’à Noosa (avec un arrêt à Rainbow Beach).
De Noosa nous avons pris le ferry jusqu’à Fraser Island, où nous avions réservé pour 3 jours et 2 nuits pour un circuit en 4x4 avec un groupe.
Nous découvrons Timbo, notre guide, qui colle parfaitement au cliché de l’australien. Tenue décontract’, pieds nus, casquette, lunettes, cheveux un peu longs, tatouages, et surtout, un accent atrooooooce ! je pense qu’en 72h avec lui, on aura compris 30% de ce qu’il a pu dire. Un bon début quoi.
Nous arrivons vers midi sur l’île, et nous roulons directement jusqu’au Lac Mackenzie. Nous comprenons tout l’intérêt du 4x4 sur cette île de sable, la « route » principale est une plage de 75km de long, sur presque 200 mètres de large. Pour aller jusqu’au lac il faut s’enfoncer dans les terres, c’est là que la partie 4x4 prend toute son envergure. Je suis bien contente d’être dans la voiture avec Timbo en conducteur à ce moment là, on se croirait dans un test automobile pour Turbo. Coucou M6.

Après 1h de cascades, nous découvrons un lac dont l’eau est d’une incroyable limpidité, entouré d’un sable très blanc. Il s’agit d’eau douce. Il y a des milliers d’années, à force que des feuilles d’arbres tombent dans un trou formé par les dunes de sable, elles ont fini par se coller entre elles, jusqu’à former une pellicule parfaitement étanche. Les eaux de pluie se sont alors accumulées, et PAF, ça a fait un lac ! Nous avons pu y observer des tortues d’eau douce, toutes mignonnes, bien plus petites que les tortues de mer. Nous n’avons pas de photos car au moment où nous les avons attrapées, nous étions loin des serviettes (et donc la Go Pro), et j'ai eu autant la flemme qu'Adrien d’aller la chercher. Ahah, dommage hein ?
Nous passons un bon moment sur place à profiter de cette eau délicieuse, puis nous allons à l’hôtel.

Il s’agit plus d’une auberge de jeunesse que d’un hôtel, puisque nous partageons notre chambre avec un autre couple, des allemands de 28 et 37 ans. On les a d’ailleurs choisi eux (et ils nous ont réciproquement choisi nous) car le reste du groupe (une trentaine de personnes) était particulièrement jeune (18/20 ans), à part quelques exceptions qui semblaient dans nos âges. L’hôtel est cool, à côté de la plage, avec 2 piscines. Tout autour du domaine il y a un grillage électrifié de 2 mètres de haut, et le portail pour rentrer dans la propriété ne fait pas rire, il y a des fils électriques sur lesquels on doit rouler.
Il s’agit de protections contre les dingos, l’espèce la plus répandue sur l’île. Il s’agit de canidés sauvages, environ 30kg par bête, pas super grands (genre un petit labrador), plutôt mignons, sauf qu’en 2001 ils ont bouffé un gosse de 9 ans. Ca change de Milou. C’est une espèce carnivore qui n’hésite pas à attaquer l’homme s’ils ont faim. Donc sur l’île il y a des pancartes partout « promenez vous en groupe » « ne restez jamais seul » « surveillez vos enfants » « prenez toujours un grand bâton pour vous défendre » bref que des trucs très rassurants.

Pour les repas, notre guide et un autre gars s’occupent de cuisiner, et nous venons nous servir comme pour un self de cantine. Sauf qu’il y a notre groupe qui se sert, mais aussi un autre, d’une trentaine de personnes également. Ca fait donc 60 estomacs qui attendent en file indienne. Interminable. Et puis Timbo crie « les végétariens vous passez en premier !! ». Ok ni une ni deux, sans hésitation, pour 72h, je suis végétarienne ! Ainsi pendant 3 jours je n’ai jamais attendu plus d’une minute pour me servir, et j’ai super bien mangé ! Adrien n’a pas pu résister aux pièces de viande proposées, et il a donc patiemment fait la queue.

Le lendemain la journée est très chargée, mais commence sous les nuages.
Premier arrêt : l’épave du Moheno, sur la plage de 75km de long. Il s’agit d’un navire construit en 1905 en Ecosse, qui a servi lors de la 1ère guerre mondiale comme bateau médical, qui a ensuite été racheté par des asiatiques, et qui s’est échoué là en 1935, à la suite d’un cyclone. Par 3 fois ils ont tenté de remettre le bateau à l’eau, sans succès. Ils ont donc choisi de le laisser là (ils ont pas bien eu le choix non plus). Aujourd’hui il en reste plus grand chose, comparé à ce qu’il était à l’époque. (les plus curieux pourront taper « maquette Moheno » sur Google Image et ainsi constater la taille originale de la bête).
Ensuite direction Champagne Pools. On les appelle comme ça car il s’agit de piscines naturelles formées par des rochers sur le bords de la plage, et lorsque les vagues viennent s’éclater sur leurs bords et amènent ainsi de l’eau dans les bassins, la surface de l’eau est alors remplie de milliers de petites bulles, comme lorsqu’on sert une coupe de champagne (oui le mec qui a choisi le nom devait en être grand consommateur, je pense aussi). C’est à ce moment là que la météo devient plus clémente, et peu à peu le soleil s’impose entièrement. En arrivant je ne trouvais pas le coin exceptionnel, et puis dès que les nuages ont disparu, ça a complètement changé le paysage. Le soleil est venu accentué le bleu de l’océan, le vert de la végétation, le jaune du sable, et tout était superbe tout d’un coup. Dans les « pools » on peut observer plein de poissons, qui ont été ramenés par les vagues (et qui sont surtout bien roulés maintenant car ils sont bloqués entre les touristes).

Après ça on a pris un peu de hauteur en grimpant en haut de « Indian Heads ». C’est un superbe point de vue qui permet de voir à 360° l’immensité de l’île.
Pour finir cette journée, en route pour Eli Creek. (Sur le chemin nous sommes repassés devant l’épave, ce qui explique que dans l’album photo il y ait des photos de l’épave sur fond gris et d’autres sur fond bleu). Eli Creek c’est de l’eau douce qui sort de 50 mètre sous terre (oui j’explique très bien merci) et qui va se jeter dans l’océan. Entre la source et l’océan il y a quelques centaines de mètres. L’eau arpente entre la végétation dans un couloir de 2 mètres de large sur 50 cm de haut, offrant un circuit dans lequel se laisser porter par le courant sur environ 100 mètres, jusqu’à la « poche » principale, toujours aussi peu profonde mais d’une envergure conséquente, offrant une piscine d’eau bien fraiche (je m’y suis franchement pas baignée bien longtemps) et surtout non salée. Les australiens connaissent bien le coin, et des dizaines de 4x4 bordent cette piscine.

Dernière soirée à l’hôtel, nous dinons et allons au lit, la journée nous a bien claqué !
Le lendemain matin Timbo nous indique que nous allons voir le lac Wabby, et que pour cela nous devrons marcher « à peine 25 Minutes ». Nous arrivons sur place, nous garons les 4x4, et pour la première fois Timbo ne vient pas avec nous. Il nous indique qu’on a 3h devant nous, et que lui préfère nous attendre là.
Dès cet instant j’aurai du me douter de l’embrouille. Nous prenons donc tous le sentier de sable (encore et toujours du sable forcément), et nous nous enfonçons dans la végétation. Nous naviguons dans une forêt à la fois dense et sèche, et l’épaisseur de sable nous empêche de porter nos tongs, qui s’enfoncent trop dans le sol. Tous pieds nus, on marche, et on se déboite les pieds tour à tour dans les brindilles, les petits cailloux, les racines, les bâtons. On marche. On marche, et …. On marche. Mon dieu mais c’est interminable ou bien ? Déjà 35 minutes qu’on a laissé Timbo, qui soit dit en passant doit être en train de se la couler douce sur la plage. 
On quitte le paysage de forêt, on prend des escaliers (un peu bricolo bricolette, faits avec des planches et… du sable), l’horizon semble se dégager au loin, je pense que nous arrivons. Je monte les escaliers, pleine d’espoir, j'inspire, ouvre grands les yeux, et, face à moi : le désert. Oui genre le vrai, le désert, les dunes de sable, l’immensité jaune, le soleil qui cogne, tout ça. Sur le coup je me dis c’est pas possible il nous fait une blague l’australien.
Toujours pas de lac à l’horizon. On suit les petits panneaux de bois avec les flèches, on traverse les dunes, je me sens un peu comme un nomade, sauf que bon sang moi je suis pas sur un chameau !
Enfin semble apparaître une petite flaque d’eau au loin au pied des dunes, oasis d’espoir !
On se laisse tous descendre lourdement (si y’avait pas eu autant de monde autour de moi je crois que je me serai laissée rouler jusqu'en bas) et enfin, nous arrivons.
Je regarde ma montre, Timbo s’est un peu foutu de ma poire. 25 minutes qu’il disait. Ok nous on a mis plus d’une heure. Comique. A cet instant je suis juste naze (grande sportive que je suis), j’ai du sable collé absolument partout (ça adhère très bien à la crème solaire oui c’est divin), et là où je m’attendais à tomber sur un lac comme celui du premier jour, aux eaux à la fois cristallines et bleu profond, là je me trouve face à une flaque de vase verdâtre. Déception. Les gens du groupe vont se baigner, moi perso si je peux pas voir mes pieds, je peux pas y aller.
Alors je déploie ma serviette (du moins j’essaye, le vent ne me facilite pas la tâche), et je me pose. Adrien décide de monter 1km plus haut (1km de dunes, le fou !) pour aller au point de vue indiqué sur un panneau. Les panneaux ici j’ai arrêté de leur faire confiance, j’ai toujours été trahie. Il redescendra 45 minutes plus tard, puis va se baigner.
« Olala y’a des poissons énormes tu devrai venir, on les voit presque pas ! ». Oui surement oui, je vais aller mettre mes pieds dans cette eau verte, pour marcher à côté de poissons géants qui te voient mais que toi tu vois pas, pour ressortir mouillée et me prendre des rafales de sable. Quel délicieux programme, j’arrive ! Non vraiment sans façon, je suis bien sur ma serviette là, à me faire fouetter par le sable, c’est bon pour la peau !
Timbo nous avait dit que les dunes avancent de 2 mètres par an, et que bientôt le lac aurait disparu. Cette année je crois qu’elles ont attendu qu’on arrive pour se mettre en route, en à peine 30 minutes posée au sol, j’ai été recouverte sous 45 cm de sable. A cette vitesse je me grouille de prendre des photos, dans 3h y’a plus de lac !
Après 1h sur place nous nous motivons à refaire le chemin inverse, et sur la route, nous croisons régulièrement des gens qui nous demandent « c’est encore loin ? », des enfants qui râlent auprès de leurs parents et qui nous demandent quand est-ce qu’ils verront le lac. A tous ces gens là je n’avais qu’une seule et unique réponse « GOOD LUCK ».
A l’arrivée aux voitures Timbo est effectivement en train de se taper une maxi sieste (dure, la vie de guide). En nous entendant arriver il se lève, puis tout pimpant nous demande (enfin je crois) « alors, c’était comment, vous avez aimé ? » … Heuuu, pas franchement non.
Nous remontons dans les 4X4 direction le ferry. Nous empruntons une dernières fois la plage de 75km de long, nous roulons 40 minutes. C’est une des choses que j’aurai préféré sur ces 3 jours (au delà des paysages), rouler sur la plage, sans personne à l'horizon, devant cette immensité d’océan intensément bleu, les vagues qui viennent s’échouer sur plusieurs dizaines de mètres jusqu'aux portes de la voiture, laissant une pellicule de miroir sur les grains dorés, dans lequel le soleil vient se refléter. Un vrai régale.

Ainsi s’achèvent nos 3 jours sur l’île de sable, nous aurons profiter à fond de tout, et vu de merveilleux paysages.
Nous passons ce soir la nuit à Noosa, et reprendrons la route demain matin en direction de Brisbane.